Le sol est un tapis de feuilles qui éclate de milles bruits clairs étouffés par la forêt. La bruine a semé des gouttes d’argent, puis s’est évanouie dans l’air.
Entre les collines et les nuages, la route traverse une forêt de vieux théiers. Basse et clairsemée, elle n’a rien de l’image grandiose à laquelle on associe les forêts anciennes. Les théiers sont d’une forme maladroite, irrégulière, comme soufflés par un coup de vent ou ébouriffés par une mousson.
Ces plantations dateraient de Song, dit-on dans la région.
Vraiment, le théier ne cherche pas à en imposer par sa stature ; sans doute infuse-t-il son expérience dans ses feuilles et non dans le bois de ses branches. Il faudra les hommes pour travailler les feuilles et l’eau pour leur parler et en révéler l’essence.
La forêt est légère, le ciel présent. On ne ressent ni admiration forcée ni oppression latente. Les vieux théiers se côtoient comme des frères d’humus.
Quant à celui-ci sous lequel je passe, sublime tronc penché, maturé d’année en année et travaillé comme un contrefort d’église – et pourtant si jeune ! Est-ce la proximité des ancêtres qui le rend si beau …
Yann
On y est…merci pour cet instant de légèreté
Albane